Graffitis Bachet(GE)

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Démolition des immeubles Bachet-de-Pesay

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En circulant en voiture sur le grand axe qui relie Carouge à la Douane de Perly, à la hauteur du Grand- Lancy sur la droite, de magnifiques fresques de mangas sont en cours d’élaboration. Difficile de les manquer tant elles ressortent dans toute leur beauté artistique sur les murs de ce lotissement de petites maisons des années 60, appelées à être démolies d’ici la fin de cette année civile au profit d’une grand barre de 10 étages.

Première cour, sur le mur du fond un superbe hibou, tel qu’on en voit dans les mangas, me regarde de ses grands yeux jaunes. D’un seul coup, je me retrouve  face à la Sagesse, me demandant si je commence seulement à avoir ce brin de sagesse qui permet d’appréhender la vie avec calme, discernement et empathie.

Quittant le hibou, me voilà au détour d’une maison, face à une gigantesque fresque qui m’interpelle. Sa bouche, ses yeux, les moindres détails prennent un sens profond et m’interrogent.

Plus loin, une petite fille manga espiègle  et pleine de vie tend une main ouverte que l’on prendrait bien pour la suivre dans le monde de l’enfance qu’elle propose.

Et alors là, Albator me toise, celui des dessins animés, rendez-vous régulier à la TV et dont la musique de générique nous faisait accourir devant le poste, mes enfants et moi, pour suivre les épopées de ce chevalier du futur qui évolue dans les Galaxies.

Nous sommes venus pour prendre des photographies, nous n’avons pas été déçus.

Cependant le manque d’entretien est frappant, branches d’élagages laissées sur place, gobelets, papiers, bouteilles laissés par-terre. Pas étonnant lorsque l’on apprend que les locataires ont tous déserté leur appartement, obligés de déménager. Une femme rencontrées nous a dit qu’il lui est difficile de quitter son logement après y avoir passé  plus de 40 ans. Elle regarde les fresques d’un air lointain. Elle est toute à  sa peine de quitter ce lieu paisible, où elle était si bien, même si elle concède qu’elle va intégrer prochainement un appartement réservé aux personnes âgées sur le site de la Praille. Nous la regardons s’éloigner, la fresque a perdu de ses couleurs lumineuses.

Mais de découvertes en découverte et de surprises en surprises, nos appareils de photos crépitent.

Un jeune homme apparaît dans la cour, mal réveillé, portable à la main, C’est l’artiste qui vient poursuivre son travail sur le hibou ce dimanche matin. Il donne des informations précieuses sur le sens du travail engagés sur ces murs. Ce n’est pas la première fois qu’il a la possibilité de graffer sur de si grandes surfaces avec ses bombes aérosols. Ce sont des oeuvres éphémères appelées à être détruites lorsque grues et pelleteuses feront leur oeuvre de destruction. Il espère juste que son hibou restera plus longtemps que sa dernière fresque. A peine montrée au public que la destruction débutait le lendemain! Il regarde attentivement son oeuvre, attend l’organisateur qui va venir placer l’élévateur devant la paroi pour qu’il puisse poursuivre son travail de peinture. Une photo prise pour suivre l’avancée de son travail. 

L’organisateur arrive, se met au volant de l’élévateur et le place à l’endroit précis indiqué par le graffeur.

J’ai appris que c’était un projet bénévole pour mettre de la couleur sur les murs et offrir aux artistes de grandes surfaces  d’expression. Ce projet réunit 6 artistes: Stéphane Nerrazzuro, Mickaël Soares, Lilas Yessika, Swan Soares Ann Na, Mickaël Schweizer.

Poussée par une irrésistible envie de revoir ces graffitis et ces gigantesques fresques, je décide d’aller voir sur place ce qu’il en est. Si elles ont duré plus qu’un jour, bien que j’aie vu de nombreuses photographies vantant leur beauté jusqu’à mi septembre.

En m’approchant, j’en distingue une de loin, mais en réalité tout le lotissement est en chantier. Les ouvriers sont sur les lieux et s’activent à détruire l’intérieur de ces maisons d’ouvriers.

Je m’approche, mon appareil de photos à la main. Je peux y pénétrer sous surveillance stricte, car ils ont compris que je souhaitais fixer la beauté des ces oeuvres d’art avant qu’elles ne disparaissent à tout jamais.

Elles vécurent le temps d’un été et auront disparu à la morte saison ….

Photos : ©Christian Bonzon

Texte: Danielle Foglia-Winiger

7 août 2020