La Presse victime du Covid-19

Micro tire sa révérence

Le Covid-19 aura eu raison d’un nouveau journal papier Romand qui avait trouvé sa place dans les bistrots, cafés-restaurants, les cabinets médicaux, salons de coiffures ou cafétérias. 

En effet, ce mardi 25 mai 2020, tous les médias Romands ont relayé cette information touchant de plein fouet la Presse Suisse Francophone.

L’équipe de rédaction de « Micro » prendra congé de ses lecteurs dans un ultime numéro qui paraîtra samedi 30 mai 2020…

Danielle Foglia-Winiger

Une rumeur s’est confirmée : l’Illustré effectue une restructuration face aux problèmes financiers rencontrés avec le manque d’apport dûs à l’absence de publicité et à la crise engendrée par la pandémie du Coronavirus qui touche tous les secteurs de notre économie.

Ils annoncent le licenciement de 8 personnes dont 4 à la retraite. Le plan de réinsertion pour les 4 autres n’est pas clair. Les syndicats s’insurgent face à cette décision prise en pleine crise , alors que des collaborateurs ont été mis au chômage partiel et que la Confédération a débloqué des aides financières pour venir  précisément en aide au secteur de la Presse.

L’histoire se répète et me fait penser à tous les licenciements à la fermeture du Matin laissant journalistes, photographes , informaticiens, personnels de logistique sur la carreau. On sait qu’ils ont eu  toutes les peines à se relever et que certains tiraient le diable par la queue à la veille de l’épidémie de Covid-19.

L’explication de cette restructuration serait-elle à chercher dans le succès et l’efficacité du télétravail, de la nécessité de faire des économies entrainant l’impossibilité de payer les déplacements de longues distances , hors du périmètre régional , afin d’effectuer les investigations de fond nécessaires à une information journalistique de qualité reposant sur une recherche en profondeur et sur le suivi de la piste des témoignages essentiels à l’éclairage du problème soulevé ?

 

 

Texte Danielle Foglia-Winiger

Suppression des journaux dans les cafés, bars,restaurants.

Une mesure visant à prévenir la propagation du Covid-19 met la presse écrite en émoi. Il s’agit, ni plus ni moins de la suppression de la possibilité de lire les journaux dans les cafés, restaurants et bars.

Patrick Vallélian , directeur général de Sept.ch  et Serge Gummy, rédacteurs du quotidien fribourgeois « La Liberté », déplorent une situation catastrophique pour une branche déjà dévastée par la chute des revenus publicitaires.

Par ces mesures édictées par l’OFSP signerait-on l’arrêt de mort d’une presse écrite qui a toujours eu une place importante dans nos bistrots pour alimenter les discussions politiques qui s’y tenaient spontanément entre tous les habitués de ces lieux.

Les médias face à la crise économique du covid-19

Hier soir, coup de théâtre sur la scène médiatique de Suisse romande, Stéphanie Simon, directrice du « Régional «  annonçait la mort dans l’âme la mise en faillite de son journal qui couvre la Riviera et le Chablais.

13 collaborateurs dont deux apprentis sont au chômages, sans compter les collaborateurs externes: correctrice, pigiste, photographe ainsi que la société basée  à Corsier qui livre ces journaux gratuits grâce à 90 porteurs.

Stéphanie Simon déplore le manque de soutiens des communes de la Région qui auraient pu faire l’achat de page notamment .

C’est un journal de proximité gratuit qui disparaît. Le dépôt de bilan se fera le 12 mai.

L’Association indépendante des journalistes Suisses regrette que cette aventure d’un quart de siècle s’achève. Cela montre la fragilité de la presse régionale. La crise sanitaire a entendu des voix s’élever pour consommer régional, si au moins cela pouvait devenir réalité, ce serait une chance pour pouvoir maintenir des titres centrés sur leur coin de pays.

News

Annonce du projet d’un journal mis en ligne sur un site internet et assurant une présence importante sur Facebook :

La voix du Chablais (VD)

Revenons sur les faits qui ont secoué le paysage médiatique romand.

Constat : après la disparition l’hebdomadaire «Le Régional« et du bi-mensuel «  Le Vendredi «  ( fin 2019 ), la région du Chablais perd en 6 mois 2 médias.

Amit Juillard, rédacteur feu « Le Régional « relève que ce journal avait l’habitude de tracer sa route et qu’il racontait la vie des collectivités régionales. Il était certes peu rentable sur  le plan comptable, mais avait une place de choix au niveau des communautés de la région qu’il couvrait. C’était un hebdomadaire local et gratuit, créateur de liens sociaux, gardien de la démocratie fédéraliste.

Les communes concernées décident de ne pas le secourir financièrement et l’obligent à fermer boutique.

Jacques Pilet en conclusion d’une analyse de cette mort programmée conclut:

« Il y a aussi des raisons d’espérer. On voit qu’en France, loin de Paris, face au déclin des grands journaux régionaux, il est apparu ces dernières années une foule de petits hebdos centrés sur une ville ou un petit bout de territoire. Vifs ou plus conformistes, gratuits ou pas. En Allemagne où l’on compte un nombre exceptionnel de journaux régionaux ou locaux payants, peu d’entre-eux ont disparu, pourtant frappés aussi par la baisse de la publicité et l’érosion des ventes.

Reste à réinventer sans cesse le paysage plumitif de nos cités et bourgades. »

( Bon pour La Tête : 12 mai 2020 )

C’est dans cet état d’esprit que les deux journalistes du Chablais vaudois, Fabrice Zwahlen et Valérie Passello, viennent de déposer  le projet  du journal en ligne «  La Voix du Chablais »

Il vient combler le manque d’informations locales laissé par la disparition des deux journaux gratuits «Le Régional» et «Le Vendredi».

Ce sera un quotidien en ligne régional gratuit qui se veut indépendant et fédérateur, complémentaire aux grands médias cantonaux que sont «Le Nouvelliste » et «24 Heures».

Au démarrage du projet ils ont besoin du soutien financier de 90% des communes concernées par leurs publications.

Ils envisagent ensuite une seconde phase sous forme de financement participatif (crowdfunding) durant l’été prochain afin de lancer «La Voix du Chablais»  en août.

Cela se fera par des abonnements de soutien et des recettes publicitaires d’entreprises régionales.

Nous souhaitons que «La Voix du Chablais » puisse s’exprimer librement et participer ainsi au débat médiatique nécessaire à notre Démocratie .

 

Texte : Danielle Foglia-Winiger

 

Presse écrite disparue en Suisse romande

Aide de la Conféderation

En même temps on apprenait hier que les médias Suisses obtiendrait une aide de la Confédération. Le National a approuvé 2 motions demandant une aide totale de 65 millions alors que le Fédéral les avait refusés.

Le Conseil fédéral reconnaît l’importance des médias  «  Il s’agit d’une infrastructure critique de notre démocratie. »

Au National , lorsque l’on a abordé le thème des médias, on relevait leur rôle irremplaçable en temps de crise, leur apport indispensable dans la transmission des informations. Cependant on déplore leur difficulté financières due principalement au retrait de toute la publicité qui les a fait vivre jusqu’ici. La pandémie ne doit pas décimer le secteur.

TV et radios nationales recevront une grande part de la manne fédérale .

Pour la presse écrite , il est demandé que La Poste distribue les journaux gratuitement.

Philippe Amez- Droz propose une analyse de la presse écrite et de sa grande utilité.

Il prend comme modèle L’Echo magazine, presqu’entièrement financé par ses abonnements, la publicité ne dépassant pas 10% de ses revenus.

Actuellement, il relève que la presse romande bat des records d’audience sur ses sites web, mais continue à sombrer financièrement. Il pense que l’idéal pour les Médias serait de dépendre plus de leurs abonnées et moins de la publicité. 

Mais en quel mains sont nos journaux?

 Tamedia ayant comme titres Le Matin Dimanche, 20 minutes, Femina,Bilan, 24 Heures,La Tribune de Genève,le géant zurichois renommé TX Group ( pour Technology Exchange ) possède actuellement la majorité de la Presse francophone Suisse.

Mais aussi 13 journaux regroupés dans l’Association Vaud Presse :Le Régional, Le Courrier Lavaux-Oron, le Journal de Moudon, La Broye Hebdo, L’Echo du Gros-de-Vaud, La Région Nord-vaudois, L’Omnibus d’Orbe, le Journal de Sainte-Croix et environs, la Feuille d’Avis et Journal de Vallorbe et environs, le Journal de Cossonay, La Feuille d’Avis de la Vallée de Joux, le Journal de Morges, La Côte et La Côte Hebdo.

Ringier Axel Springer  en Suisse Romande est l’éditeur de L’Illustré et du Temps.

Le groupe Hersant Média (GHM)  quant à lui édite le journal La Côte,Le Nouvelliste et ArcInfo.

Il insiste et démontre l’importance de rester indépendant niveau de la production d’un journal.

Seul La Liberté  et le Quotidien Jurassien sont complètement indépendant de tout groupe de presse. N’oublions pas de mentionner Paris Match Suisse en main de AA Editions Sarl à Buchillon dans le Canton de Vaud et

Le Courrier ,association à but non lucratif en main de la Nouvelle Association du Courrier (NAC), présidée par Manuel Grandjean.

Heidi News et Bon pour La Tête,LacTU(lactu.ch) viennent compléter l’offre numérique web et bientôt Projet d’une nouvelle plateforme financé par la publicité également pour 2021 Watson  et son directeur, Michael Wanner veulent lancer  lancer une nouvelle plateforme en Suisse romande avec Sandra Jean comme rédactrice en Chef.

 

Alain Clavien, professeur d’histoire à l’Université de Fribourg, spécialiste de la Presse Romande déplore la nouvelle  industrialisation qui a entraîné une perte notoire de savoir-faire..

Il relève et s’étonne que la Commission de la Concurrence ne se soit pas opposée à la fusion des grands groupes, la concentration des journaux ne l’ayant point inquiétée.

La rumeur du rachat du quotidien Le Temps par la Fondation Aventinus devient publique sur la première ce matin. Le Journaliste Ludovic Rocchi évoque plusieurs sources du milieu des affaires et des médias qui confirment que des discussions sont engagées dans ce sens depuis plusieurs mois.

En Suisse Romande c’est le journal Micro qui, le premier, a annoncé l’arrêt de sa production pour la période du Coronavirus,mais reprendra sa version papier fin mai, journal de proximité dépendant des bistrots qui se sont vus fermer durant cette période.

La presse papier vit des jours difficiles actuellement , car il n’est pas recommandé de la lire dans les lieux publics ou chez les médecins, coiffeurs, esthéticiennes, ostéopathes, etc…

Si l’on mise sur le développement d’une économie de proximité, tendance qui semble avoir le vent en poupe , ne pourrait-on pas veiller à ce que les journaux couvrant les évènements locaux ne soient pas oubliés de la manne Fédérale, il en va de la richesse du débat des idées démocratiques cher à notre Pays.

Texte : Danielle Foglia-Winiger