Après des rencontres menées par le Conseil d’Etat suite à la fin du dialogue social entre la direction de l’entreprise Swissport Genève et les syndicats SEV, SSP et Avenir syndical, les parties ont convenu de reprendre sans délai les négociations dans le but de conclure de nouvelles conventions collectives de travail (CCT). Un médiateur a été désigné par le Conseil d’Etat en la personne de l’ancien conseiller d’Etat David Hiler.
Swissport rencontre avec le Conseiller d’Etat Mauro Poggia 25 janvier 2021
Les nouvelles conditions de travail envoyées par Swissport Genève début janvier 2021 à l’ensemble de ses collaborateurs ont conduit à une mobilisation importante du personnel et un durcissement de la position des partenaires sociaux. Le Conseil d’Etat, représenté par MM. Serge Dal Busco et Mauro Poggia et avec le concours de l’office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT), a décidé d’intervenir dans le cadre d’un processus de médiation visant à faciliter la reprise du dialogue social entre les partenaires sociaux de l’entreprise Swissport Genève.
L’engagement du Conseil d’Etat dans ce dossier s’explique par le fait que les négociations entamées entre les parties en vue de conclure une nouvelle convention collective de travail (CCT), laquelle était échue le 30 septembre 2020, n’ont pas abouti malgré quinze mois de négociations. De plus, la crise touchant le secteur aéroportuaire en relation avec la pandémie de COVID-19 a rendu encore plus difficile le dialogue social entre les parties.
Un protocole d’accord a ainsi été accepté ce26 janvier, par lequel les parties s’engagent à entamer sans délai des négociations en vue de la conclusion d’une future CCT au sein de l’entreprise Swissport Genève. Ce processus devra être mené à terme au plus tard d’ici au 12 février.
Swissport Genève reportera le délai fixé au personnel pour accepter les nouvelles conditions de travail du 28 janvier au 15 février 2021. Ce délai deviendrait caduc en cas d’accord entre les parties permettant de définir les conditions de travail.
Par ailleurs, les négociations seront menées sous les auspices de M. David Hiler, ancien conseiller d’Etat du canton de Genève, chargé du département des finances entre 2005 et 2013, que le Conseil d’Etat a désigné en qualité de médiateur.
L’intervention du syndicat Avenir syndical dans les négociations sera soumise à un contrôle de sa représentativité par la Chambre des relations collectives de travail (CRCT), à laquelle Avenir syndical et Swissport Genève s’engagent à fournir tout renseignement utile.
Les employés scandalisés par les nouveaux contrats défendent leur droit et continuent de manifester toute la semaine après deux manifestations la semaine passée pour montrer leur détermination à obtenir gain de cause. Le Canton c’est d’ailleurs engagé à jouer les médiateurs.
Swissport 18 janvier 2021
photos et vidéos: ©Christian Bonzon
Ils ont jusqu’au 28 janvier pour signer les contrats.
Quant à Swissport, elle justifie cette péjoration des rapports de travail à suite à la crise de la situation actuelle du secteur aérien dû à la pandémie…
Cette baisse de salaire pouvant aller jusqu’à 1’200.- par mois et la suppression de plusieurs indemnités (plusieurs centaines de francs par mois) et des retraites anticipées…
Aéroport tri des bagages
Dans les coulisses de l’aéroport de Genève, Dimitri Litsinkyy et Ana Medeiro ont la lourde responsabilité de mettre en marche le tri des bagages tous les matins à 4h.
Une fois que les quatre kilomètres de tapis se sont mis en branle, les guichets d’enregistrement ouvrent et les passagers peuvent commencer leur voyage.
Les deux coordinateurs doivent, ensuite, réagir au quart de tour au moindre problème. Un bouchon dans le «tribag» peut mettre tout l’aéroport en retard.
©photos:Christian BONZON
Il est 3h40, en ce mardi matin, à l’aéroport de Genève. Encore enveloppés de la torpeur de la nuit, de nombreux passagers s’éparpillent dans le hall des départs. Assis sur un banc ou à même le sol, ils attendent que les guichets d’enregistrement ouvrent afin de pouvoir y déposer leurs bagages. Mais, pour cela, il faut que le «tribag», le gigantesque réseau de quatre kilomètres de tapis qui serpente d’un bâtiment à l’autre, se mette en branle. Ceux qui ont le pouvoir de réveiller le monstre, ce sont Dimitri Litsinkyy et sa nouvelle collègue Ana Medeiro. Comme tous les matins, ils ont franchi le contrôle de sécurité réservé aux employés à 4h avant de rejoindre leur poste de travail dans les entrailles de l’aéroport. Et, si la pièce qu’ils occupent ne possède pas de fenêtre, ses murs sont, en revanche, tapissés d’une multitude d’écrans affichant des dizaines de caméras de surveillance. Toutes montrent une petite portion d’un dédale de tapis encore immobiles. Penchés sur un ordinateur, les deux coordinateurs activent le tri des bagages. «Il suffit d’un clic. Quand on allume, le check-in peut ouvrir, l’aéroport prend vie et les gens peuvent commencer leur voyage», explique Dimitri Litsinkyy. Malgré l’heure très matinale, les retards au travail sont donc à proscrire. «Les nuits courtes, cela ne me pose pas de problème. C’est une habitude à prendre et une hygiène de vie à avoir. Mais on reste humains, c’est pour cela que l’on est deux», assure le jeune homme de 28 ans, en jetant un œil à l’écran de contrôle qui s’anime déjà. Le terminal T1+, celui d’Easyjet, affiche directement un rythme de 164 bagages par heure. Bien loin, cependant, du pic maximal déjà atteint à Genève: 2200 valises en soixante minutes.
«On n’est jamais à l’abri d’une surprise, il y a toujours des moments de stress.»
Dimitri Litsinkyy, coordinateur flux bagages
«Au total, nous avons neuf lignes différentes plus trois lignes pour tout ce qui est hors gabarit, comme les skis ou les vélos. Notre travail principal, c’est de faire en sorte qu’elles fonctionnent en permanence», détaille le jeune homme. D’un clic, il fait disparaître le schéma simplifié, et le véritable tracé apparaît sur l’ordinateur. Les tapis s’entortillent dans tous les sens, multipliant les boucles et les virages. «On appelle cette zone « le casino », c’est là où on va vérifier le bagage avant son embarquement. C’est comme pour un passager, s’il y a quelque chose de suspect, il faut pouvoir le mettre de côté sans ralentir le…» Avisant un carré rouge sur son écran, Dimitri bondit sur ses pieds et décroche le téléphone. «Il y a un bouchon qui commence à se former, tu peux regarder?» demande-t-il à un bagagiste. Sur l’une des caméras de surveillance, le coordinateur pointe deux valises qui se sont coincées à un croisement. «On n’est jamais à l’abri d’une surprise, il y a toujours des moments de stress, mais, avec l’expérience, tes yeux se posent directement sur certaines zones et tu apprends à gérer les différentes pannes», explique-t-il en se rasseyant.
Installée il y a une trentaine d’années, l’infrastructure a été informatisée il y a trois ans. Ce qui offre de nouvelles possibilités aux huit coordinateurs qui se relaient pour la piloter. Désormais, ils peuvent, par exemple, modifier le sens des tapis pour faire passer les valises par un autre chemin. Des chemins que Dimitri, qui travaille depuis dix ans à l’aéroport, connaît par cœur. Ce qui est rarement le cas des passagers, à l’entendre. «Ils ne se rendent pas compte de tout ce qu’il se passe. Sinon, ils arrêteraient de coller des étiquettes « fragile ». Un système de tri, cela reste des machines qui ne vont pas dorloter les bagages.» À côté de lui, sa collègue Ana Medeiro abonde. «Avant, je travaillais aux guichets d’enregistrement: les gens ne savent pas du tout ce qu’il se passe une fois que leur valise part. En revanche, ils ont vraiment cette peur de ne pas la récupérer à l’arrivée», raconte celle qui a commencé, début juin, en tant que coordinatrice, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. «C’est un nouveau défi pour moi. On nous oublie un peu, mais c’est un travail où on doit prendre beaucoup de décisions importantes», affirme la trentenaire. En effet, en cas de panne du système, la situation peut très vite devenir problématique. Il y a deux ans, un court-circuit avait engendré une journée de crise à Cointrin, même les pompiers avaient été réquisitionnés pour aider les centaines d’opérateurs habituels à transporter les valises. «On a pour habitude de dire que, si le tri va, tout va. Car, si les bagages ne sont pas là, l’avion devra partir sans ou alors en retard. Et, avec la rotation des appareils, ce retard va se répercuter sur toute la journée», souligne Sara Branco, en pénétrant dans la cabine de pilotage. Experte «flux bagages» au sein de l’aéroport, elle rappelle qu’une nouvelle installation est attendue pour 2022. Une perspective qui séduit déjà Dimitri. «Aujourd’hui, nous avons une chenille, bientôt ce sera un papillon. Cela me plaît de plus en plus.»
TEXTES: FABIEN FEISSLI PHOTOS: CHRISTIAN BONZON