Arbirtr(es)aire Violence.

 Ca pourrait être le titre d’un film humoristique, mais hélas non. Tout au plus une étrange coïncidence, une vulgaire imitation, une triste réalité, du déjà-vu en sommes !

Les pelouses genevoises deviennent plus dangereuses que le parc Geisendorf un samedi nuit d’hiver. Quelle tristesse, mon cœur saigne, mes rêves s’effondrent, l’enfant qui est en moi se meurt, le ballon se dégonfle.  Mais pourquoi tant de haine ? N’y en a t il pas déjà assez dans notre quotidien pour devoir s’infliger un autogoal pareil ?

Dimanche à Onex trois joueurs du FC Tordoya ont carrément agressé l’arbitre du match probablement pour un hors-jeu pas vu, un carton mal distribué ou je ne sais quoi encore, mais certainement quelque chose de grave pour en arriver là, n’est-ce pas ?  Bon déjà quand on lit Onex et Tordoya dans la même phrase il est assez simple d’imaginer qu’il ne s’agissait pas d’une finale de Champions League ou un quart de finale de Coupe du Monde. En l’occurrence on parle bien d’un match de 5ème ligue genevoise. Oh doux jésus….

Pour les novices du ballon rond, c’est quoi exactement la 5ème ligue ? Alors… par où commencer ? La 5ème ligue c’est presque la plus attachante des ligues car même le dernier ne rétrocède pas car il n’existe pas, à ce jour, de 6ème ligue, donc cela élimine le stress de la relégation. La 5ème ligue devrait être la ligue du plaisir, celle où les pères de familles et copains viennent taper dans le ballon une dernière année juste par plaisir et envie d’y croire encore, s’amuser et surtout de bouger un peu, sans oublier les cinq fruits et légumes par jour, et une bonne dose de litres de bières.

Mais la 5ème ligue ressemble de plus en plus aux frustrés recalés, les gardes frontières qui n’ont pas réussi leurs examens d’entrée à la Police. Pour certains chaque match est une question de survie, les dimensions du terrain varient selon le nombre de spectateurs surtout quand on va jouer à Veyrier dans une ambiance haute en couleur ; tous les coups sont permis pour obtenir les 3 points (de sutures), les tackles sont à la hauteur de la glotte quand l’on affronte l’Association Péruviana de Ginebra au bout du monde, rares sont les dimanches où l’on rentre à la maison sans ambulance ou sans boiter. Vive le sport je vous dis.

A qui la faute ? A nous tout simplement. Cette envie de faire comme les pros, ce besoin de ressembler à telle ou telle autre star nous fait oublier qu’un des plus beaux sports au monde est déjà mort. C’est un peu comme le gars qui mate des films de boules et qui le soir s’habille en plombier pour déglinguer sa femme quand elle rentre du travail, genre les scénarios de Marc Dorcel où les dialogues sont à la limite de la science fiction et au bout de quelques instants on la retourne pour la sodomiser sauvagement en croyant qu’elle jouit, alors qu’elle simule comme le faisait Inzaghi dans les 16mètres.

La réalité c’est que le foot n’est plus un vecteur festif et communicatif d’amour et de respect depuis que le niveau professionnel se résume au pognon. C’est triste mais les clubs sont devenus des entreprises à fric, le jeu et la tactique sont devenues secondaires, seul le résultat et le rendement financier sont importants. Raison pour laquelle il est selon moi important de se détacher de ce milieu professionnel et il devient primordial, vital, urgent de garder cette âme d’enfant quand on joue en amateur et de revenir aux fondamentaux à savoir de donner le juste exemple à nos femmes et enfants qui arborent les terrains verts pour nous supporter le temps de 90 minutes. Laissons la guerre aux américains.

J’ai vécu l’expérience de la 5ème ligue à Versoix, club que j’affectionne particulièrement, avec une promotion en 4ème ligue au bout de deux ans amusantes et j’ai surtout eu la chance de côtoyer des joueurs comme Taddeo, Lorenzo, Mastrullo et l’inégalable Picc. Toute une histoire.  Pour ma ma part la 5ème ligue ça été je pense une des plus belles aventures sportives en tant qu’adulte. L’entraînement le vendredi avec un taux de participation hallucinant,  des gestes techniques complètement fous, des rigolades interminables, de la simplicité et de l’amitié. On terminait toujours par une pizza à Pasta d’Oro et quelques digestifs de trop. La composition de l’équipe se faisait au feeling. L’entraîneur ne m’appréciait pas, enfin, il ne voyait pas mon talent. Je le comprends. J’étais jeune, beau, drôle, intelligent, doué, une technique à faire pâlir les brésiliens (on m’appelait R9 à l’entraînement et certains encore aujourd’hui) et lui avait 14 ans de plus, 14 kilos aussi, un genoux cassé et un peu de jalousie peut-être, mais il n’était pas méchant.

Il venait systématiquement vers moi à la fin de l’entraînement pour me dire « dimanche tu ne seras pas sur la feuille de match, mais viens nous voir, ce serait sympa, allez on va manger une pizza, je paye pour toi ».

Moi j’ai toujours accepté le verdict de l’entraîneur pour une seule et simple raison : le plaisir de m’amuser avec eux. Je jouais au foot comme un enfant de sept ans. Juste m’entraîner avec eux, rire, jouer au ballon, me suffisait. Le plaisir qui n’a pas de prix. Je me souviens qu’après l’apéro, Picc et Tadd’ me disaient « dimanche en forme car t’es titulaire » et moi je répondais « euh, je crois que le coach a d’autres ambitions, il m’a dit que… » et eux de continuer « il ne dit rien lui, si on te dit que tu joues, tu joues, donc samedi soir ne rentre pas trop tard, capito » ? Et ils allaient voir le coach en lui faisant refaire la composition de l’équipe. Oui j’étais un pistonné de la 5ème ligue et cette 5ème ligue me manque, tout comme son état d’esprit.

Maintenant il faut des sanctions claires et nettes par l’ACGF. Je propose d’exclure à vie les trois joueurs-agresseurs mais de les obliger d’aller voir jouer le Lausanne Sports et ce même en déplacement et de les inscrire à vie au PLR, car il faut une fois pour toute les dissuader de recommencer. Et s’ils sont sages, on pourrait mêmes les envoyer gratuitement à Dubaï pour le grand prix de F1, mais un pas à la fois.

 

GE t’aime ma ville

le Billet de Nello Tagnani

On s’identifie tous à une ville, nous avons tous une ville chérie qu’on aime plus que les autres car on développe une certaine forme d’appartenance et de fascination au fur et à mesure de la côtoyer, de la respirer, de la vivre d’une naturelle spontanéité, de grandir à ses côtés, devenir adulte comme elle, rire et pleurer ensemble, souvent les jours de pluies quand le vent s’invite à danser avec les feuilles mortes fraîchement tombées de l’arbre frigorifié, nu, seul, abandonné des quelques oiseaux qui élisent d’habitude domicile chez lui, provisoirement, pour longtemps ou pour une seule nuit, le temps de voler de ses propres ailes, évoluer et même s’agrandir pourquoi pas de nouveaux petits cui-cui, un nouveau départ, une aventure séduisante et intrigante mais toutefois remplie d’embûches un peu comme au Monopoly, qui viennent déranger les pierres, aussi les plus lourdes, avec une facilité déconcertante, presque décevante, jamais tranquille sur cette fichue Terre!

Notre ville, elle nous guide à travers son corps, nous entraîne au fond des recoins inhabités, là où même les clochards n’y mettent plus pied tellement c’est triste et malfamé, par moment elle est dangereuse et déprimante, il y a les ruelles fréquentées par les demoiselles avides de sac et chaussures et les ruelles où les tox dealent leur vie contre une dose de mésaventure, notre ville nous montre son vrai visage sans pudeur, sans maquillage ni parfum, simple et belle, elle nous rend fiers d’y habiter c’est certain, on ne perd jamais l’occasion de la mettre à l’honneur, de la complimenter, finalement que du bonheur, on se bat pour elle, on manifeste pour elle, on vote pour et contre elle, car au fond on l’aime sincèrement notre ville et jamais on ne lui ferait du mal, on la respecte, c’est déjà pas mal. Et puis un jour on décide de la quitter, pas pour toujours, quelques années, histoire de deux ou trois ans, pour mieux la retrouver quand on sera de retour, les deux un peu plus grands, en espérant se plaire à nouveau, comme au premier jour, quand y a quelques années de cela j’ai poussé mon premier cri d’amour. GE t’aime ma ville.

Nello Tagnani